Véronique Sinclair

«  Penser solution ! »

Son diplôme de designer en poche, c’est sa passion pour l’architecture qui amène cette Québécoise à traverser l’Atlantique. Paris doit être le point de départ d’un périple de quatre mois sur le Vieux Continent. C’est sans compter sur l’énergie du moment : le nouveau millénaire ouvre ses portes sur la grande histoire de l’Internet, Paris grouille de projets. Véronique démarre sa vie professionnelle dans une startup spécialisée dans la billetterie où elle est en charge des tests et de la validation. « A passer du temps auprès des développeurs pour comprendre, j’ai beaucoup appris » raconte-t-elle. Cette première expérience lui donne l’envie et l’énergie d’embarquer dans l’aventure du numérique, et de tracer son chemin.

Elle poursuit son aventure dans les télécoms qui passent des réseaux câblés à la fibre et s’étendent au mobile. Véronique est développeur data, chef de projet puis directrice de programme avant de prendre, en 2006, la direction des systèmes d’information de Numericable. « Ça a été une chance extraordinaire » dit-elle, et l’histoire était loin d’être terminée.  « Je me suis amusée, c’était très stimulant ! ». Véronique se souvient qu’on était déjà très agile chez Numericable : « Il a fallu adapter le SI pour trouver des solutions pour la VOD, pour le mobile, pour la marque blanche… » ajoute la bosseuse qui ne lâche rien, apprend et se forme au fil de l’eau. Elle n’a pas d’idée de carrière mais la période est tellement enthousiasmante que tout semble possible. Avec l’arrivée des enfants, c’est également une période clé pour la famille qui décide de rester à Paris. « En bon Québécois, mon mari a pris 6 mois de congés de paternité », sourit Véronique.

Après cette belle étape, elle rejoint la SACEM en tant que DSI avec un objectif de taille : repenser la collecte et la distribution des revenus des artistes alors que le streaming et les nouveaux usages musicaux explosent. Cette transformation, elle choisit de la mener d’abord en mode startup, puis en s’appuyant sur un partenaire pour financer l’industrialisation et commercialiser la solution. C’est une transformation à la fois organisationnelle et technique qu’elle mène avec les équipes en place. Aujourd’hui DSI d’Edenred France, elle répond aux besoins internes avec le développement et le MCO des applications métier (CRM, facturation, gestion des transactions…) et fournit les produits et applications aux clients de la marque. Les projets sont multiples : sites e-commerce, API et applications mobiles, dont une qui sert 1,5 millions d’utilisateurs de tickets restaurants.  « Beau défi d’avoir une application toujours « up » pour laquelle il faut savoir gérer le pic à l’heure du déjeuner », fait-elle remarquer.

« J’ai accompagné les équipes pour qu’elles adoptent une posture de conseil auprès des métiers »

Depuis quelques années les sujets ne manquent pas et Véronique est au cœur de toutes les décisions stratégiques : architectures flexibles et scalables, Cloud, sécurité. Attentive à son management, elle lie exigence et bienveillance pour tirer les équipes vers le haut : « Pour moi, les équipes sont hyper compétentes et j’ai un véritable plaisir à les animer pour trouver ensemble les moyens de mettre en place des solutions innovantes. C’est toujours gagnant d’embarquer l’intelligence collective ! ». Dans l’esprit de Véronique, les missions de la DSI passent par l’alignement stratégique, l’anticipation des besoins, la pédagogie, « notamment pour aller chercher les budgets en regard des missions confiées ». C’est ce qu’elle applique systématiquement pour que les équipes communiquent en toute transparence. Elle veille à « vulgariser et expliquer à tous les niveaux ». « L’idéal, ajoute-t-elle, c’est une direction qui a une posture de conseil. Les métiers se sentent écoutés, ils viennent plus naturellement exprimer leurs besoins ». Ce qui est essentiel dans la mission, c’est l’agilité, « parce que dans une boite qui a trois idées par jour, il faut être capable de saisir des opportunités et être au rendez-vous au bon moment ».

Ce que Véronique aime, c’est créer, innover, trouver des solutions. Pour ça, elle est tournée vers le métier et elle cherche à comprendre les problématiques pour apporter les meilleures réponses possibles. « J’aime rassembler des équipes pluridisciplinaires pour faire émerger des idées nouvelles, comme le Hackathon organisé avec les métiers et poursuivi avec Centrale Supélec ». A contrario, elle aime moins la compliance, les audits. « C’est l’approche par les risques que je trouve négative et peu propice à la créativité. C’est un bon moyen de se faire peur ! » justifie-t-elle en expliquant que c’est tout de même un incontournable du poste. En la matière Véronique anime le sujet de la cyber sécurité avec beaucoup d’énergie : Newsletter, Cyber café hebdomadaire virtuel de quinze minutes, à 13h45, sur un sujet précis à chaque fois.

Comme elle le souligne, elle a une belle équipe de 180 personnes, dont 16% sont des femmes. C’est une direction moderne, ouverte et qui n’hésite pas à sortir hors des murs « au service de ». Quelques exemples l’illustrent bien : les développeurs du digital sont physiquement à côté des « PO » rattachés au marketing, des équipes volantes vont à la rencontre des utilisateurs, des stands les accueillent pour faire découvrir de nouveaux usages, des enquêtes de satisfaction sont réalisées régulièrement… Les nouvelles méthodes ont pris le pas sur les anciennes et tous travaillent avec Agile et devOps. Un réel changement apporté, c’est la création d’une équipe centrale de direction des projets composée de chefs de projet et des ex-AMOA (Assistance en Maîtrise d’Ouvrage) des directions métier. Véronique souligne que « cette bulle neutre favorise la transversalité et la professionnalisation du chef de projet. Cela nous a permis d’être plus agiles dans l’allocation des ressources, moteur de la transformation d’Edenred ».

Les beaux succès qu’elle a pu engranger en suivant ses principes renforcent ses convictions :

  • Travailler dans la joie, la solidarité et la bienveillance favorise l’amélioration continue et la créativité,
  • Il faut parfois avoir le courage de prendre des décisions difficiles pour repartir sur un projet fédérateur,
  • S’ouvrir aux autres et les écouter accélère l’acquisition des connaissances.

Si elle avait à donner un conseil ? « Oser ! Oser prendre conseil, oser dire franchement ce que l’on pense, et surtout, oser le risque car c’est comme ça qu’on s’envole ! »

Par Caroline Raveton