Aline Bourdin

« Tout faire avec passion »

Et de la passion elle en a ! Son parcours sur le terrain, elle le raconte avec énergie, sourire et engagement. Avant d’être DSI, Aline est passée par l’Ecole Polytechnique Féminine (EPF). Pour la petite histoire, Marie-Louise Paris a créé cette école en 1925 pour permettre aux femmes d’accéder aux métiers d’ingénieurs jusqu’alors réservés aux hommes ; alors ce parcours, Aline en est fière. Marraine de la promotion 2016, elle garde de nombreux contacts avec l’école. Mais qu’est ce qui l’a amené à choisir cette voie ? Une rencontre, bien sûr ! « Il parlait de son métier d’ingénieur … avec une telle énergie et passion que ça m’a donné envie de suivre une carrière scientifique ».

Elle fait ses premiers pas dans une société de services et choisi rapidement de rejoindre un groupe solide ou les projets ne manquent pas. Elle entre donc chez Shell en tant que chef de projet système, et passe quelques années, au sein de cette direction informatique avant de rejoindre la DSI de Bouygues Construction où elle restera onze ans. Au cœur du système d’information, elle gère des projets techniques structurants. Femme dans un monde d’hommes, elle prend ces projets IT comme des opportunités pour développer ses connaissances et son réseau. Cette vision 360° de la DSI va lui permettre d’accéder au poste de DSI de Bouygues Energies et Services en 2006. 

« Être en action et curieux de son environnement »

C’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’elle prend ce poste à bras le corps. « On parlait déjà transformation, je savais que je n’allais pas m’ennuyer ! ». Et des changements chez Bouygues, il y en a eu, l’un des plus important étant le regroupement des DSI en une seule. Aline décrit les changements de périmètre, les mouvements que les équipes ont dû faire, et comment chacun a dû se remettre en question. Elle a aimé mener ces projets et embarquer les équipes ; « les gains étaient tellement importants ». Pour Aline, l’essentiel est de bouger, agir et surtout dit-elle « ne pas rester sur ses acquis, savoir sortir de sa zone de confort, avoir le goût du risque, le goût de se remettre en question ».

Et ce qu’elle dit, elle l’applique : elle prend la décision de quitter le groupe Bouygues après 22 ans d’un très beau parcours. Pour Aline, c’est le saut vers l’inconnu, elle sait qu’elle va quitter ses habitudes, ses repères, des amis.  Ce choix, elle le fait pour se challenger. « C’est le moment ». Aline prend les commandes de la DSI d’une division de ce grand groupe international qu’est Vinci Construction. C’est en allant sur le terrain, au contact des métiers qu’elle prend le pouls. Elle aime écouter les opérationnels, comprendre leur fonctionnement et leurs contraintes et innover pour améliorer ce qui peut l’être. Elle apprécie accompagner les changements et trouver des solutions : pour Aline c’est un exercice primordial. « Connaitre de quoi est faite l’entreprise est fondamental pour prendre les bonnes décisions », explique-t-elle. Aujourd’hui ce n’est plus l’aspect technique qui la motive mais bien les solutions que la DSI va pouvoir mettre en œuvre pour les métiers. Son rôle aujourd’hui, « c’est d’être ambassadeur des métiers ».

Aline navigue dans cette organisation complexe en utilisant tous ses talents de négociation, de management d’influence et de conviction. Elle prend plaisir à travailler avec ses équipes. Son management a beaucoup évolué. Aujourd’hui c’est en coach qu’elle accompagne ses collaborateurs. Fini l’époque des rapports d’activités et des indicateurs toutes les semaines. Elle a mis en place sa méthode qu’elle nomme « méthode 1, 2, 3 ». 1)  kiff de leur semaine, les 2) cailloux dans leurs chaussures et les 3) actions qu’ils s’engagent à faire. Cette méthode lui a permis de mettre ses équipes en mouvement de façon positive et lui permet également identifier des problèmes : « quand il n’y a pas de kiff, pour moi, c’est un signal faible, un warning». 

« Trouver le bon séquencement » 

Chez VINCI Construction International, les challenges ne manquent pas avec un système d’information obsolète à la fois d’un point de vu technique et fonctionnel. Aline a commencé par structurer l’équipe, puis modifier l’infrastructure technique (stockage, réseau, sauvegarde…) pour pouvoir s’attaquer à l’organisation et aux applications. Pleine de ressources, l’adversité ne l’effraie pas : « faire face aux difficultés, ça me permet d’apprendre ! Ne pas baisser les bras ». Une volonté et une énergie qui lui permettent d’affronter les échecs avec beaucoup de pragmatisme. Pour elle, chaque échec est l’occasion d’apprendre et d’évoluer, de s’améliorer. De nombreux projets et la crise n’étaient pas au programme. Qu’à cela ne tienne : « on a réussi en pleine période COVID à déployer Salesforce en Australie et en Nouvelles Zélande ». Et ça ne s’arrête pas là, son équipe ayant su s’adapter pour faire de plus en plus « à distance », y compris l’implémentation ou l’installation d’éléments d’infrastructure.

Plus que jamais c’est vers l’avenir qu’Aline se tourne. Convaincue que la crise sanitaire aura profondément changé certaines choses, son actualité est de regarder ce que ce passage a réellement transformé en interne, avec les partenaires et avec les métiers. De nouveaux horizons en perspective…

Par Caroline Raveton